Les Echos du Palais de Justice / Procès de l’Assassinat du Colonel Madjoulba, ce 31 octobre 2023
L’audition des témoins s’est poursuivie ce 31 octobre dans le procès de l’assassinat du Colonel Madjoulba, survenu dans la nuit du 3 au 4 mai 2020.
Quatre nouveaux témoins ont été entendus. L’audition du chef secrétaire, le lieutenant-colonel Oganto, suspendue la veille, a repris avec les questions des avocats des différentes parties. Les interrogations ont principalement porté sur l’ouverture du bureau du Chef Corps (CC) le lendemain du crime, le 4 mai 2023. Il a déclaré avoir ouvert les portes sur ordre du Colonel Agbonkou, au Chef d’État Major, au Chef d’État Major de l’armée de terre (CEMAT), au DG de la gendarmerie, au SCRIC et à l’unité de la Sécurité militaire (USM). Le 5 mai, il a également ouvert les portes pour le groupe traditionnel qui s’est rendu dans le bureau pour les cérémonies.
Le deuxième témoin de la journée était le Sergent Chef Alidou Laza, transmetteur au 1er BIR. Il était également de permanence la nuit du crime. Dans sa déposition, il a affirmé qu’il dormait profondément cette nuit dans son bureau et qu’il n’a pas entendu la détonation.
Selon les témoignages, il y a eu deux coupures de courant au poste de commandement dans la nuit du 3 au 4, et le disjoncteur se trouvait dans le bureau de M. Alidou. Il a été réveillé vers 4 heures par la secrétaire et a rétabli la lumière en actionnant le disjoncteur.
Dans sa déposition devant les juges d’instruction, il a déclaré avoir vu, le 4 mai au matin, le chauffeur Songuine très agité en train d’effacer des traces de pas autour du bâtiment. Il a confirmé cette déclaration lors de son témoignage ce mardi.
Le troisième témoin était le lieutenant-colonel Baoula, chef de cabinet du Colonel Massina. Son audition a principalement porté sur les confidences et les avertissements que le Colonel Madjoulba lui avait faits la soirée du 3 mai avant son assassinat, les actions du Commandant Atekpe le 4 mai et un SMS que le Commandant Bouwe lui avait montré en octobre 2020. Il a rappelé qu’il était la dernière personne à avoir quitté le colonel avant son assassinat. Ils s’étaient rencontrés chez le Colonel ce soir-là en compagnie d’un autre colonel, le Colonel Tchakbera.
« Le ver est dans le fruit ; il y a certains chefs qui ne disent pas la vérité au président de la République ; Prudence et Vigilance ; les jours à venir seront très déterminants ; soyez extrêmement prudents et ne faites confiance à personne, y compris au Général. »
Ce sont en substance les confidences que le Colonel Madjoulba aurait partagées avec lui ce soir-là. Interrogé sur le nom auquel le Colonel pensait en parlant du Général, il a répondu le Général Kadangha. En ce qui concerne le fruit et le ver, il a précisé que le fruit représente l’armée togolaise et le ver, le Général Kadangha.
Le quatrième témoin de la journée était le Commandant Kombate Douti, officier supérieur au 1er BIR. Son témoignage s’est concentré sur le comportement de Songuine le matin du 4 mai, les circonstances de la découverte de la douille et l’origine des rumeurs désignant le Général Kadangha et le Colonel Ali comme les commanditaires de l’assassinat.
D’après ses déclarations, les munitions du Colonel étaient intactes au matin, au nombre de 38, mais c’est son arme qui a été utilisée pour le crime. Il a suggéré que Songuine, selon lui, a dû compléter les munitions.
C’est Kombate qui a retrouvé l’étui de la munition du crime derrière le bureau du CC, non loin de la fenêtre. Interrogé sur son rôle, étant donné qu’il n’était pas un officier judiciaire, il a expliqué avoir agi de sa propre initiative pour contribuer à l’enquête.
Le cinquième témoin était un adjudant de la marine membre de l’USM, principalement interrogé sur l’enquête parallèle.
Rappelons qu’au total, 19 témoins seront entendus durant le procès. Lors de la journée précédente, trois témoins avaient été entendus…
Ferdinand Ayité