Alors que certains pays membres de la CEDEAO, tels que la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Bénin, semblaient prêts pour une intervention militaire au Niger, un manque d’accord a émergé au sein de l’organisation sous-régionale. Une réunion à Abuja, la capitale nigériane, visant à finaliser les stratégies en vue d’une éventuelle invasion du Niger, a révélé un désaccord entre les chefs d’état-major des pays membres de la CEDEAO, selon des sources proches d’Abuja.
Cette situation embarrassante a poussé le président en exercice de la CEDEAO à convoquer une autre réunion avec les membres de l’organisation pour envisager une approche de négociation. Cependant, une délégation de la CEDEAO s’est rendue à Niamey le jeudi 3 août dernier pour tenter de négocier un retour à l’ordre constitutionnel de manière pacifique. Malheureusement, la délégation a dû écourter son séjour car elle n’a pas réussi à rencontrer les membres du CNSP (Conseil National de Sauvegarde de la Patrie) ni Mohamed Bazoum avant de quitter Niamey.
La question de l’intervention militaire a également suscité des dissensions parmi les chefs d’État de la CEDEAO eux-mêmes. Certains dirigeants, dont les présidents Patrice Talon du Bénin, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Macky Sall du Sénégal, devront revoir leur ton vis-à-vis des nouveaux dirigeants de Niamey, le CNSP, qui ont renversé Mohamed Bazoum. Selon certaines sources, rassembler tous les acteurs autour de ce projet, en particulier ceux en faveur de l’usage de la force, s’avère difficile. La réunion tant attendue des chefs d’état-major des armées semble avoir été infructueuse en raison du manque de consensus.
L’implication du Nigeria dans une intervention militaire au Niger a également rencontré des obstacles. Le président Bola Ahmed Tinubu a officiellement sollicité le soutien du Sénat de son pays pour une intervention militaire à grande échelle contre les nouvelles autorités nigériennes. Cependant, le Sénat nigérian a fermement rejeté cette demande de validation d’intervention militaire dans le pays voisin, citant des règles constitutionnelles strictes régissant la déclaration de l’état de guerre avec un autre pays.
Dans un contexte de manque de consensus, le journaliste Serge Daniel rapporte que le président togolais Faure Gnassingbé insiste sur les vertus du dialogue pour trouver des solutions à la crise au Niger. Par ailleurs, le président Patrice Talon, autrefois prêt à envoyer ses soldats au Niger, semble pencher désormais pour une solution diplomatique pacifique, comme rapporté par l’Agence turque de presse. En revanche, le président ivoirien, Alassane Ouattara, maintient fermement son soutien à un retour à l’ordre constitutionnel au Niger et condamne catégoriquement la tentative de coup d’État. Lors de son discours à la veille des fêtes de l’indépendance de la Côte d’Ivoire le 6 août, Alassane Ouattara a déclaré qu’il condamne la tentative de coup d’État au Niger et qu’il compte sur la CEDEAO pour tout mettre en œuvre afin de réinstaller Mohamed Bazoum, le président démocratiquement élu.
La situation au Niger est préoccupante, avec la menace de la CEDEAO envers les nouvelles autorités et la préparation d’une offensive par des puissances étrangères, notamment occidentales, en collaboration avec certains pays africains. Le CNSP a publié un communiqué signalant un pré-déploiement militaire dans deux pays d’Afrique centrale, suscitant une mobilisation générale et entraînant une fermeture totale de l’espace aérien. Le colonel major Abdramane Amadou, porte-parole du nouveau pouvoir nigérien, a révélé qu’une force militaire a été pré-déployée dans ces pays en vue d’une intervention militaire contre le Niger. Toutefois, les détails concernant ces deux pays d’Afrique centrale restent encore à préciser, bien que nos informations indiquent principalement qu’il s’agit du Tchad, où des milliers de soldats sont actuellement stationnés dans la région du lac Tchad.
Ces événements récents soulèvent des questions sur la stabilité et la sécurité de la région, ainsi que sur la capacité de la CEDEAO à agir de manière concertée face aux crises politiques en Afrique de l’Ouest. La situation au Niger continue d’évoluer, et il est essentiel pour les pays membres de la CEDEAO de trouver des solutions pacifiques et coopératives pour résoudre les tensions et éviter toute escalade militaire dans la région.