Depuis plusieurs années, l’Afrique de l’Ouest a été secouée par une avalanche de coups d’État, plongeant la région dans un désordre politique et sécuritaire sans précédent. Cependant, un homme profite de ce tumulte pour renforcer son emprise sur le pouvoir et échapper à l’attention critique : Faure Gnassingbé, le président togolais.
Dans une analyse cinglante du régime togolais, le journaliste Ferdinand Ayité pointe du doigt la capacité de Faure Gnassingbé à se maintenir en toute quiétude, tandis que certains de ses opposants sont distraits par des crises au Mali, au Burkina Faso et au Niger, tandis que d’autres visent des postes politiques lors des élections régionales. La multiplication des coups d’État a permis à Faure Gnassingbé de s’éclipser des radars médiatiques, ce qui a donné libre cours à ses manœuvres politiques.
L’article souligne que les activistes, qui étaient autrefois des fervents critiques du régime, se sont embourbés dans des querelles intestines opposant pro-russes et pro-Occidentaux, perdant ainsi leur capacité à exercer une pression efficace sur le gouvernement togolais. La jeunesse, quant à elle, semble être absorbée par les distractions virtuelles, telles que les clashs d' »influenceurs » sur TikTok, laissant peu de place pour aborder les problèmes endémiques de la corruption, de la mauvaise gouvernance, des infrastructures défaillantes et de l’état préoccupant des hôpitaux.
Le silence médiatique autour de ces questions cruciales joue en faveur de Faure Gnassingbé, qui poursuit tranquillement son projet de cinquième mandat, potentiellement validé sans que personne n’y prête réellement attention. L’article met également en lumière le paradoxe apparent : certains soutiennent des régimes militaires au Mali et au Burkina Faso, qui sont pourtant des amis du régime togolais qu’ils prétendent combattre.
Depuis 1990, le cas du Togo est largement ignoré par ses voisins de l’Afrique de l’Ouest. Même lors des révoltes populaires au Burkina Faso, le peuple togolais a été considéré comme un peuple « peureux ». Néanmoins, les Togolais ont toujours résisté courageusement contre le régime en place, bien que leur combat soit souvent méconnu.
En dépit des troubles persistants dans les pays voisins, le Togo semble être devenu une terre d’accueil pour les hommes d’affaires burkinabè, qui délocalisent leurs activités économiques en raison de la situation désastreuse au Burkina Faso. Les Nigériens, quant à eux, ont pris le contrôle du grand marché de Lomé, autrefois aux mains des Togolais. Ces investisseurs étrangers sont devenus des alliés du régime en place et lui apportent leur soutien lors des élections.
Cependant, cette réalité échappe à la majorité des Togolais, qui continuent de soutenir les luttes des autres peuples de la région tout en espérant en vain une solidarité en retour. Cette situation souligne la nécessité pour le peuple togolais de se mobiliser davantage pour protéger ses intérêts et pour dénoncer le régime en place qui semble profiter du désordre régional pour se maintenir au pouvoir.
Faure Gnassingbé est peut-être en apparence tranquille pour l’instant, mais il est essentiel que la communauté internationale et les médias continuent de surveiller attentivement la situation politique au Togo et dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Le silence ne peut être toléré face aux abus de pouvoir et à la souffrance du peuple togolais, qui aspire à une gouvernance transparente et à des conditions de vie dignes.