Le coup d’État récent au Niger a suscité des réactions variées au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le député togolais, Gerry Taama, propose une analyse unique sur les raisons pour lesquelles la CEDEAO ne fléchira pas cette fois-ci face aux nouveaux maîtres du Niger.
1. L’ironie de la situation
Le député Taama soulève l’aspect cocasse de la situation, où un putschiste, Mahamat Deby, est envoyé pour raisonner un autre putschiste au Niger. Il explique que Mahamat Deby s’est porté volontaire pour cette mission en raison de sa connaissance des militaires nigériens avec lesquels il a collaboré dans le programme G7 Sahel. Cette situation a suscité des questionnements quant à son efficacité et à l’image de la CEDEAO. Cependant, le député met en évidence trois raisons pour lesquelles la CEDEAO est susceptible d’agir de manière ferme cette fois-ci.
2. Les motivations derrière la fermeté de la CEDEAO
a) La menace pour tous les présidents
Gerry Taama soutient que le coup d’État au Niger a été perpétré contre un président élu lors d’un processus électoral régulier et non contesté, au début de son premier mandat. Si la CEDEAO ne réagit pas avec fermeté, cela pourrait inciter d’autres militaires dans la région à tenter leur chance de renverser des gouvernements élus. La menace est donc prise très au sérieux par les autres présidents de la CEDEAO qui ne souhaitent pas voir leur légitimité et leur stabilité politique compromises.
b) L’orgueil blessé du Nigeria
Le président nigérian, qui dirige actuellement la CEDEAO, avait récemment déclaré que l’ère des coups d’État était révolue. Cependant, peu de temps après cette déclaration, un coup d’État a eu lieu à la frontière du Nigeria, mettant en jeu l’honneur du pays et de son leader. Pour ne pas perdre la face, la CEDEAO doit agir fermement pour maintenir l’autorité et la crédibilité de l’organisation, d’autant plus que le Nigeria est une puissance militaire influente dans la région.
c) La guerre froide et ses implications au Niger
Gerry Taama souligne que la guerre froide est revenue dans le monde et qu’elle se reflète également au Niger. Le capitaine Traoré, qui est à l’origine du coup d’État, a sollicité le soutien de la Russie, ce qui a entraîné des drapeaux russes hissés dans la capitale, Niamey. Cette situation représente une déclaration de guerre implicite aux pays occidentaux. Dans ce contexte, la CEDEAO doit agir avec fermeté pour éviter toute escalade militaire qui pourrait compromettre la stabilité régionale.
Le retour à la paix au Niger : L’appel de Gerry Taama pour restaurer la stabilité et l’ordre constitutionnel.
Selon Gerry Taama, le retour à la paix au Niger réside dans le transfert du pouvoir des militaires à un civil qui organisera des élections dans les meilleurs délais. Cette approche a déjà porté ses fruits dans d’autres pays et permettrait de restaurer la stabilité politique et sociale au Niger. Alors que la CEDEAO est confrontée à un coup d’État menaçant ses valeurs démocratiques et sa crédibilité, il est essentiel que ses membres fassent preuve d’une fermeté collective pour rétablir l’ordre constitutionnel et la paix dans la région.